Le carré de Polybe


  Polybe est un historien grec qui vécut environ de -205 avant JC jusque -125 av. JC. A 40 ans, il est emmené parmi 1000 otages par les Romains suite à la bataille de Pydna en Macédoine et à la victoire de Paul-Émile sur les Grecs. Polybe tomba en admiration devant la civilisation romaine de l'époque, et d'otage il devint même ami de la famille de Paul-Émile.

  Polybe est à l'origine d'une méthode très originale pour chiffrer, et qui est même antérieure au code de César. Pour cela, il dispose les lettres dans un tableau 5*5 (nous sommes ici obligés d'identifier le i et le j) :

1 2 3 4 5
1 A B C D E
2 F G H I,J K
3 L M N O P
4 Q R S T U
5 V W X Y Z

  On remplace alors chaque lettre par ses coordonnées dans le tableau, en écrivant d'abord la ligne, puis la colonne. Par exemple, le A est remplacé par 11, le B est remplace par 12, le F par 21, le M par 32.... Si nous codons
LONGTEMPS JE ME SUIS COUCHE DE BONNE HEURE
nous obtenons
313433224415323543 2415 3215 133445132315 1415 1234333315 2315454215
  Le carré de Polybe possède quelques propriétés intéressantes. En particulier, il réduit le nombre de symboles utilisés pour le codage, ce qui rend son analyse plus difficile. C'est en cela un précurseur des méthodes modernes. Remarquons que nous pouvons remplir le tableau de façon différente de ce qui est fait ici, par exemple en commençant par remplir avec un mot-clé, puis par ordre alphabétique.

  Le carré de Polybe a encore été utilisé au tournant du XIX et du XXè s. par les nihilistes russes. Les nihilistes russes était une organisation secrète armée (on dirait un groupe terroriste maintenant), dont le but était de supprimer le tsar, et quelques membres de sa famille, afin de couper la tête d'une société ancienne et d'établir les bases d'une société à reconstruire. De nombreux nihilistes ont été emprisonnés dans les geôles du Tsar. Pour communiquer entre eux, ils tapaient sur les murs, ou sur la tuyauterie. Par exemple, pour s'échanger le mot EVASION, ils codaient le texte avec le carré de Polybe (adapté à leur alphabet cyrillique) en 15511143243433. Puis ils tapaient la suite de coups sur le mur : 1.5--5.1--1.1--4.3--2.4--3.4--4.3, les . désignant des silences brefs, et les -- des silences prolongés. On est ici très proche du morse, sauf que l'on peut changer la clé...

Et encore, dans la cryptographie expliquée...


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